Janvier 2023 Depuis un certain temps, je m’intéresse (mollement) à l’ethnologie. Ça a commencé dans les années 90 par l’ethno-musique puis ce fut le tour des ethno-médecines. Récemment, je suis tombé par hasard (je crois) sur les illustrations d’Alessandro Pignocchi et les travaux de Philippe Descola. Après moult lectures, je découvre une nouvelle dimension à la pratique du Taichi Chuan et du Qi Gong dont je n’avais pas mesuré, jusqu’à présent, la richesse et l’ampleur philosophique voire politique ... Outre les différentes manières d’être au monde [1], les séparations entre "humain/non-humain", "vivant/non-vivant" et "visible/non-visible" sont des clivages qui entretiennent un anthropo-narcissisme et nous empêchent d’appréhender certains liens qui pourraient façonner différemment nos sociétés. D’un seul coup, dérouler la forme du Taichi Chuan sur le mode "tigre", "grue" ou "serpent" prend une toute autre saveur. On estompe la séparation entre humain/non-humain et on se met dans la peau d’un "autre vivant". Faire la forme du tigre c’est jongler entre puissance et souplesse à travers tout le corps. Faire la forme de la grue c’est donner plus d’importance à nos ailes (bras) en privilégiant les ouvertures respiratoires et la légèreté. La forme du serpent insiste surtout sur le centre et les jambes avec des mouvements très bas (ouille !) et sinueux. Nous intégrons un autre fonctionnement pour franchir une frontière : celle de notre condition humaine [2]. La notion de non-humain s’étend jusqu’au végétal. La "posture de l’arbre" n’aurait aucun sens si on ne prend pas le temps d’observer les arbres de notre entourage. Encore plus fort, la séparation entre vivant/non-vivant est également franchie dès que nous nous penchons sur la proposition induite par les 8 portes d’accès que sont les trigrammes. Avoir une attitude/action qui se rapproche de ce que l’on a compris de la "montagne" de la "brume" du "feu" ou du "tonnerre" nous porte à considérer certains phénomènes sous un autre angle et à les interpréter voire à les incorporer [3]. Le sujet n’est pas facile à aborder pour un "esprit" scientifique. Il y a pourtant une richesse certaine à frôler voire côtoyer les énigmes de l’invisible. Le rêve est la part la mieux acceptée de notre rapport au non-visible. Personne ne peut dire que le rêve n’existe pas. Personne ne peut dire que cette invisibilité n’a pas de lien avec notre métabolisme (transpiration, rythme cardiaque, agitation ...). Si cet invisible entretient un rapport incontestable avec nos vies, d’autres pourraient bien se nicher dans quelques recoins obscurs qui n’incitent pas au tourisme introspectif. Il s’agit donc d’une démarche qui nous éduque à découvrir les liens relationnels avec de nombreux phénomènes qui font déjà partie de nous mais dont nous ignorons presque tout. Une forme de liberté de pratique s’en dégage avec en prime une transformation des exigences techniques qui étaient nécessaires pour l’apprentissage des bases. Vous trouverez sur le net beaucoup d’informations sur Philippe Descola et Alessandro Pignocchi. Je vous mets un lien quelques vidéos où ils sont interviewés. Si vous souhaitez commencer en douceur, offrez vous le "petit traité d’écologie sauvage". Une pépite. Vous pourrez continuer avec "Ethnographies des mondes à venir" [4]. Vidéos interview de Philippe Descola et Alessandro Pinocchi Philippe ThiriotHumain / Non-humain
Vivant / Non-vivant
Visible / Non-visible
Ouvertures
Références
environ 12mn sur Arte
25mn sur Arte
45mn sur Blast
[1] Les humains s’organisent en récits qui structurent leur monde. Philippe Descola décrit 4 grandes tendances qui se superposent en partie. L’animisme, l’analogisme, le naturalisme et le totémisme (voir "Par-delà nature et culture" ou, résumé sous forme de dialogue, "Ethnographies des mondes à venir"). [2] La tripartition Serpent, Tigre, Grue peut, par analogie, être comparée à Terre, Humain, Ciel. Dans cette optique, la forme du tigre peut être considérée comme la forme d’apprentissage des coordinations (Humain), celle du serpent comme une possibilité de souplesse (Terre) et celle de la grue comme une voie de légèreté (Ciel). [3] Les 8 trigrammes sont "Ciel-Terre-Feu-Eau-Montagne-Brume-Tonnerre-Vent" (avec quelques variantes de traduction suivant le contexte). Ce sont des images qui se prêtent à l’observation et à l’interprétation. Elles ont la capacité de développer, chez celles et ceux qui s’y intéressent, des facultés d’imagination sensée. [4] De nombreuses autres références existent. Les illustrations d’Alessandro Piggnochi permettent de faire un premier pas sur un chemin ambitieux. On pourra également lire avec bonheur les écrits de Charles Stépanoff, Nastassja Martin, Baptiste Morizot, Marie-Françoise Guédon etc ...
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